En Europe, certains jeux de plateau médiévaux interdisaient aux femmes et aux membres du clergé de participer, tandis que d’autres étaient réservés exclusivement à des guildes professionnelles. En Afrique de l’Ouest, des règles transmises oralement variaient d’un village à l’autre, rendant impossible l’établissement d’un règlement unique pour un même jeu.
Des pièces de jeu retrouvées dans des tombes royales en Mésopotamie témoignent d’échanges culturels inattendus, bien avant l’apparition des règles écrites. L’évolution de ces pratiques révèle des influences croisées et des adaptations locales, souvent dictées par le statut social ou la tradition orale.
Pourquoi les jeux anciens fascinent toujours petits et grands
Les jeux d’autrefois exercent une attraction qui ne faiblit pas, captivant toutes les générations sans distinction. Les familles accourent aux rendez-vous organisés par le Mucem, attirées par la promesse de revivre des gestes oubliés et de manipuler des pièces chargées d’histoire. Le musée offre l’occasion unique de redécouvrir ensemble des règles transmises de bouche à oreille, et de savourer cette convivialité propre aux jeux du passé.
Il existe aussi une effervescence du côté des collectionneurs. Derrière chaque jeu de cartes, chaque plateau, chaque poupée ancienne, se cache une anecdote singulière. Les passionnés parcourent les brocantes, scrutent les moindres détails du Nain Jaune ou des poupées en porcelaine, dans une quête qui va bien au-delà de la simple accumulation. Sauvegarder ces objets, c’est préserver des fragments entiers de mémoire collective. Pour s’y retrouver, le blog Rozaly s’impose comme une référence, offrant des analyses précises et régulièrement mises à jour sur ces trésors oubliés.
Voici quelques repères du paysage actuel :
- Le Mucem met sur pied des événements familiaux qui mettent les jeux anciens à l’honneur.
- Le blog Rozaly propose une documentation détaillée sur les objets de collection.
- Les collectionneurs concentrent leurs recherches sur les jeux de cartes, les jeux de société et les poupées anciennes.
L’engouement pour les jouets d’autrefois s’appuie sur bien plus que la nostalgie. Il s’agit d’un plaisir partagé, d’une occasion de transmettre des savoir-faire, de redécouvrir des techniques oubliées. Les jouets en bois, les plateaux patinés par des générations de parties, les poupées habillées à la main rappellent que le jeu, loin d’être un loisir solitaire, se vit à plusieurs, se transmet, se raconte, et continue de tisser du lien.
Des origines lointaines : l’histoire méconnue des jeux d’autrefois
Bien avant que Paris ne devienne le centre du jeu à la française, Marseille rayonnait déjà grâce à ses ateliers et ses inventeurs. La Cité Phocéenne a abrité une industrie du jouet florissante, portée par des maisons comme Egda, Mossé ou France Jouets. Ces fabriques marseillaises ont su associer habileté manuelle et imagination, offrant aux enfants de la ville, qu’ils grandissent dans l’effervescence des ruelles ou le calme des appartements bourgeois, une gamme d’objets ludiques aux accents du Sud. Et leurs créations circulaient bien au-delà des limites régionales.
La variété de la production était saisissante : jeux de société indémodables, billes colorées, mais aussi jouets en métal ou en plastique, sortaient chaque année des ateliers, renouvelant sans cesse l’offre pour séduire petits et grands. Aujourd’hui, Massilia Toy retrace cette histoire industrielle et permet de mieux comprendre la richesse d’un patrimoine parfois méconnu. Parmi les éditeurs, MB s’impose toujours comme une référence pour celles et ceux attachés aux jeux de société conçus en France, témoignant d’une tradition qui a su traverser les générations.
Voici quelques points clés pour situer cette effervescence :
- La Cité Phocéenne s’est distinguée par une concentration exceptionnelle de fabriques, véritables creusets d’inventions ludiques.
- Egda, Mossé et France Jouets sont trois maisons emblématiques du dynamisme local.
- MB incarne la continuité et la vitalité de la tradition des jeux de société « made in France ».
À travers chaque jeu ancien, c’est tout un art de vivre qui s’esquisse. L’objet, qu’il s’agisse d’un plateau de société ou d’une poupée, porte en lui un récit : celui d’une époque, d’un savoir-faire, d’une transmission qui s’invente au fil des parties.
Quels jeux traditionnels ont marqué les cultures à travers le monde ?
Certains jeux anciens ont franchi les frontières pour façonner les loisirs de générations entières. Le Nain Jaune, par exemple, incarne à lui seul l’esprit des veillées familiales françaises ; à ses côtés, jeux de cartes comme le bridge ou le poker s’imposent dans le paysage ludique international. Chaque société a développé ses propres références, ses codes, ses objets emblématiques.
Les expositions dédiées révèlent cette diversité : jouets en bois, figurines en métal, jeux en papier mâché ou en plastique, chaque matériau raconte une époque et une technique spécifique. Les poupées anciennes, qu’elles soient de porcelaine ou de papier mâché, illustrent le raffinement et la transmission d’un savoir-faire minutieux, précieusement conservé par les collectionneurs. Les jeux de société, tout comme les palets, les boules en bois ou le billard-bagatelle, évoquent les pratiques populaires, du nord de la France aux salons parisiens.
Pour mieux cerner ces univers marquants, voici quelques exemples phares :
- Nain Jaune : jeu incontournable des soirées familiales et des rassemblements festifs
- Jeux de cartes : du bridge au poker, avec aujourd’hui un intérêt croissant pour les cartes à collectionner
- Poupées anciennes : pièces précieuses, entre esthétique raffinée et mémoire familiale
La transmission de ces jeux traditionnels s’effectue toujours dans la pratique : en expliquant la règle, en partageant le plaisir de jouer, en perpétuant des gestes. Collectionneurs chevronnés ou simples amateurs, tous participent à préserver ce patrimoine vivant, qui continue d’alimenter l’envie de jouer ensemble.
Redécouvrir le plaisir de jouer ensemble avec les jeux anciens
Dans la Galerie haute des officiers du Fort-Saint Jean, la mémoire des jeux anciens prend une dimension presque palpable. Les longues tables de l’exposition accueillent la collection impressionnante de Christophe Feraud et Bruno Cirla : plus d’un millier de jouets marseillais, soigneusement sélectionnés, retracent le parcours des loisirs enfantins du XIXe siècle jusqu’aux années 1970. Soldats de plomb, avions miniatures, dînettes rétro, accessoires de voyage interplanétaire… Derrière chaque objet, on devine l’ombre des parties endiablées et des histoires partagées.
Le Mucem ne se limite pas à exposer. Il invite aussi à l’expérimentation : l’atelier de fabrication permet à chacun de s’initier aux gestes précis qui redonnent vie aux jouets en bois ou en métal. À proximité, le forum du J4 se transforme en vaste terrain de jeu d’époque. Billard japonais, « trou madame », grenouille, palets : les jeux vintage reprennent du service, loin de la frénésie numérique. Les enfants décorent l’arbre de Noël, les familles s’essaient à l’adresse, rivalisent de points, renouent avec la joie du collectif.
Autour de cette expérience, spectacles, ciné-concerts et siestes musicales viennent enrichir la fête. Ces rendez-vous s’inscrivent dans la filiation des estaminets du Nord, où l’on se retrouvait autour d’un billard ou d’un jeu de grenouille pour tromper la grisaille. Plus qu’un simple retour vers le passé, la redécouverte des jeux anciens réactive une manière d’être ensemble. À chaque partie, c’est tout un pan de notre histoire qui se rejoue, prêt à s’inventer encore, au gré des rires et des gestes partagés.


